MESVOITURES

Quand on pense aux pays emblématiques du sport automobile, la Suisse n’est pas toujours en haut de la liste. Et pourtant, elle a marqué l’histoire des courses auto à sa manière. De la montée légendaire du Klausenpass aux années d’interdiction complète, jusqu’à un timide renouveau, le parcours suisse dans le monde des sports mécaniques est aussi surprenant que passionnant.

Les Premiers Tours de Roue: Le Début d’une Passion

La course automobile en Suisse débute dans les années 1920 avec des événements de côte spectaculaires. L’un des plus célèbres reste la Klausenrennen, une course de côte mythique qui reliait Linthal au col du Klausen. Le parcours sinueux, l’altitude, et les paysages à couper le souffle en ont fait une épreuve aussi belle que dangereuse.
Durant l’entre-deux-guerres, plusieurs courses locales attirent des foules importantes. On y voit des marques prestigieuses comme Bugatti, Mercedes ou Alfa Romeo, et des pilotes de renom comme Rudolf Caracciola ou Hans Stuck. L’ambiance est électrique, la passion est là, et la Suisse s’impose comme un lieu apprécié du calendrier européen.

Le Grand Prix de Suisse: Un Événement International

À partir de 1934, la Suisse accueille un Grand Prix officiel de Formule 1 sur le circuit de Bremgarten, à Berne. Ce tracé routier, étroit et rapide, devient l’un des plus techniques et dangereux du championnat. Il n’y avait pas de dégagements, très peu de sécurité, et la pluie rendait les conditions encore plus extrêmes.
Des légendes comme Juan Manuel Fangio, Alberto Ascari ou encore Stirling Moss y ont roulé. Le Grand Prix de Suisse attire l’attention internationale et renforce la place de la Suisse dans l’univers de la course automobile. Mais cette belle histoire va s’interrompre brutalement.

1955: Le Drame du Mans et l’Interdiction

Le 11 juin 1955, un terrible accident survient aux 24 Heures du Mans: la voiture de Pierre Levegh explose dans la foule, causant la mort de plus de 80 spectateurs. Cet événement tragique choque l’Europe entière.
En réaction, la Suisse prend une décision radicale: interdiction totale des courses automobiles sur circuit. Le Parlement fédéral adopte cette loi en 1955, et elle reste en vigueur pendant plus de 60 ans. Seules les courses de côte, les rallyes, les événements sur circuit à l’étranger, ou les compétitions de véhicules électriques sont autorisés.
Autant dire que pour les passionnés de sport auto, c’est un vrai coup dur.

Résilience et Courses de Côte

Malgré l’interdiction, la flamme du sport automobile ne s’éteint pas totalement en Suisse. Les courses de côte, comme celles d’Ayent-Anzère, St-Ursanne – Les Rangiers, ou Massongex – Vérossaz, continuent d’attirer pilotes et spectateurs. Ces épreuves sont autorisées car elles sont disputées sur routes fermées, en montée, et considérées moins dangereuses qu’un circuit fermé.
La Fédération Suisse de l’Automobile (ASS/ACS) continue de promouvoir la sécurité et la formation des jeunes pilotes. Beaucoup de Suisses talentueux partent courir à l’étranger. Pensons à Jo Siffert, Clay Regazzoni, ou plus récemment Sébastien Buemi ou Neel Jani, tous devenus des figures internationales.

2000-2010: L’Électrique Ouvre la Voie

Une ouverture législative a lieu dans les années 2000. La Suisse autorise certaines compétitions si elles concernent des véhicules électriques ou propres. Cela permet, par exemple, à la Formule E (championnat 100 % électrique) de venir à Zurich en 2018, marquant le premier circuit urbain en Suisse depuis 1955. Un événement historique!

2022: Un Nouveau Chapitre?

La loi a été légèrement modifiée en 2022, permettant à certaines formes de compétitions motorisées de revenir sous conditions strictes. Même si les grands circuits comme à Spa ou Monza ne sont toujours pas possibles, l’idée d’un retour partiel du sport auto est sur la table. Des projets de circuits temporaires, d’événements éducatifs ou de démonstrations mécaniques commencent à voir le jour.

Conclusion: La Course Automobile Suisse, un Esprit Toujours Vivant

L’histoire des courses automobiles en Suisse est faite de passion, de prestige, mais aussi d’interdictions et de résilience. Même sans grands circuits, les Suisses ont su rester connectés à leur amour des moteurs, que ce soit par les courses de côte, les rallyes, ou la scène amateur.
Et qui sait? Peut-être que dans les années à venir, la Suisse retrouvera une place plus visible dans le monde du sport auto. Car une chose est sûre: la passion, elle, n’a jamais disparu.