MESVOITURES

Pendant des décennies, le rodage moteur était un rituel incontournable pour tout nouveau véhicule: il fallait rouler avec prudence pendant les premiers kilomètres afin d’« habituer » les pièces mécaniques à fonctionner ensemble. Mais à l’ère des motorisations modernes, des technologies de précision et de l’usinage CNC, cette pratique est-elle toujours d’actualité? Mythe ou réalité? Voici ce qu’en disent les constructeurs et les préparateurs professionnels.

Qu’est-ce que le rodage moteur?

Le rodage est une période initiale, généralement située entre 500 et 2 000 km, durant laquelle on recommande de ne pas solliciter excessivement le moteur. L’objectif est de permettre aux différentes pièces internes — pistons, segments, soupapes, vilebrequin — de s’ajuster progressivement les unes aux autres sans contraintes excessives.

L’évolution des moteurs modernes: tolérances plus fines, matériaux plus résistants

Les moteurs modernes sont conçus avec des tolérances d’usinage très précises, souvent inférieures au centième de millimètre. L’utilisation de matériaux composites, d’alliages légers et de traitements de surface comme la nitruration ou le DLC (Diamond-Like Carbon) limite fortement l’usure initiale.

Résultat: certains constructeurs, comme BMW ou Mercedes, n’évoquent presque plus le rodage dans leurs manuels. D’autres, comme Volkswagen ou Honda, recommandent simplement quelques précautions de base sur les premiers kilomètres, sans parler de « rodage » au sens strict.

Que disent les constructeurs?

Voici quelques exemples concrets:

• Volkswagen: recommande d’éviter les pleines charges et hauts régimes sur les 1 500 premiers km.
• Peugeot / Citroën: conseille de ne pas dépasser 3/4 du régime maximal sur les 1 000 premiers km.
• Tesla (et voitures électriques): aucun rodage nécessaire, les moteurs électriques ne comportant pas les mêmes frottements internes.

Globalement, la tendance est à un rodage simplifié ou simplement à une « période d’adaptation » du véhicule, durant laquelle on évite les excès.

Et les préparateurs moteurs, qu’en pensent-ils?

Chez les préparateurs et motoristes spécialisés — en reprogrammation, moteurs forgés ou préparations circuit — le rodage reste une étape clé. En particulier:

• Sur un moteur refait à neuf (forgé, réalésé, etc.), le rodage est indispensable. Les segments, chemises et coussinets doivent se « marier » correctement.
• Rodage « agressif » ou « sportif »: certains préparateurs recommandent un rodage dynamique dès les premiers kilomètres pour assurer une bonne étanchéité des segments. Mais cela se fait sous conditions très précises (huile minérale, contrôle AFR, surveillance température/pression).
• Huiles spécifiques: l’usage d’huile de rodage (faiblement détergente) est encore courant sur les moteurs neufs préparés.

Rodage ou non? Ce qu’il faut retenir selon votre moteur

Mythe dépassé ou réalité moderne?

Le rodage moteur n’est pas un mythe, mais il a évolué. Sur un véhicule moderne de série, il s’agit surtout de bon sens: ne pas brutaliser le moteur à froid, monter progressivement en régime, éviter les longs trajets à vitesse constante. Ces précautions permettent de préserver la mécanique sur le long terme.

En revanche, pour les moteurs préparés, de compétition ou refaits à neuf, le rodage reste crucial. Il conditionne directement la fiabilité, la performance et la longévité du bloc.

Alors, mythe? Non. Mais pas non plus une science figée: le rodage s’adapte à la technologie du moteur et à son usage futur.